Partenaire de Social Demain depuis le démarrage du programme, le Groupe Alpha contribue à construire et entretenir de nouveaux espaces de dialogue social. Rencontre avec son Président fondateur, Pierre Ferracci, par ailleurs co-Président du jury de sélection de Social Demain depuis sa création.

Pourquoi vous êtes-vous intéressé dès le départ à Social Demain ?

Nous travaillons sur le terrain social depuis quelques décennies maintenant, à la fois avec les représentants du personnel, des organisations syndicales et les directions d’entreprises, dans les secteurs publics comme privés. Or, depuis quelques années, le dialogue social paraît un peu grippé. A ce titre, cette initiative, qui vise à débloquer le système en s’appuyant sur les jeunes, en regroupant des personnalités issues de tous les domaines, nous a paru intéressante : elle permet un brassage de compétences et d’expériences. Social Demain tombe à pic, car aujourd’hui, le dialogue social est souvent marqué par l’ancienneté – synonyme de sagesse, certes, mais pas toujours d’innovation…

Quelle est la valeur ajoutée du Groupe Alpha dans ce dispositif ?

Dans le secteur du conseil RH en France, nous avons très tôt fait le pari de travailler des “deux côtés de la barrière”, pour dissiper vieux clivages et habitudes tenaces qui entravent le dialogue social plutôt que de le performer. Nous disposons donc d’une expérience de terrain, pour impliquer de manière constructive les parties prenantes, mettre en mouvement les acteurs pour trouver des compromis équilibrés, exigeants et novateurs.

Vous co-présidez le jury depuis trois sessions de sélection. Dans quel sens les promotions évoluent-elles ?

Le jury lui-même gagne en maturité au fil des années : nous cernons plus nettement les innovations dont les candidats sont porteurs, et parvenons mieux à choisir des personnalités complémentaires – afin que chaque promotion gagne en cohérence dans la diversité des profils retenus. Nous sommes donc meilleurs à la fois dans l’évaluation et l’accompagnement des promotions (les deux premières ayant en outre été bousculées par le Covid). Ce que j’espère, c’est que Social Demain fasse des émules et que l’on trouve de plus en plus, dans tous les organismes, des jeunes qui émergent. A nous de contribuer, modestement, à “imprimer” la jeunesse et l’innovation dans les relations sociales.

Quelle est, selon vous, LA question sociale du moment ?

Aujourd’hui, tout le monde partage et se rejoint sur l’impératif de prendre en considération les enjeux écologiques, mais sans toujours y intégrer celui des enjeux économiques et sociaux. La transition écologique va faire disparaître beaucoup de métiers, en faire émerger d’autres. Si l’on n’observe pas de près ces problématiques, si l’on n’accompagne pas cette transition, la catastrophe est garantie. Les Gilets jaunes sont descendus dans la rue en réaction à la taxe carbone, les bonnets rouges en raison de l’écotaxe ; cela ne signifie pas que ces personnes ne sont pas attachées à l’avenir de la planète, mais qu’elles souhaitent légitimement disposer d’un emploi et d’un pouvoir d’achat corrects et décents. Ainsi, je pense que l’articulation entre l’écologique, le social et l’économique constitue le vrai sujet de demain. Sur ce point, le dialogue social au sein des organismes va être tout à fait décisif.