En ligne : l’annuaire Social Demain

Lancé en 2020, le dispositif Social Demain a déjà réuni cinq promos de 50 personnes – soit un total de 250 jeunes qui feront (ou font déjà !) le social de demain… Retrouvez les sur l’annuaire des promos, mis en ligne en ce début d’année.

Si vous êtes membre d’une promo’ : n’hésitez pas à nous envoyer d’éventuelles mises à jour !

Social Demain au PARIS FOOTBALL CLUB !

Mercredi 27 mars, lors de la journée “interpromos” annuelle, toutes les personnes passées par le programme Social Demain se retrouveront au Centre de formation du Paris FC, à Orly, pour une édition dédiée au football, « miroir grossissant de la société » : déjeuner, rencontre avec les jeunes du centre de formation, match en équipes mixtes… et échanges avec Pierre Ferracci, Président du club et du Groupe Alpha, qui nous a accordé un entretien.

Comment en êtes-vous arrivé à prendre, en 2012, la Présidence du Paris FC ?

Il y a plus de vingt ans, j’ai été amené à m’intéresser de près à la situation du Red Star FC, à la demande des autorités municipales et du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis. Puis à la reprise de ce club, qui n’a pu intervenir à l’époque parce que les conditions n’étaient pas réunies. J’y ai tout de même croisé Guy Cotret, alors l’un des dirigeants du groupe des Caisses d’Epargne. En 2007, il m’a incité à le rejoindre au sein du Paris FC en tant qu’administrateur. A partir de là, l’aventure a commencé et j’ai complètement mordu à l’hameçon. J’ai toujours pensé que l’idée d’un deuxième club à Paris était séduisante… mais compliquée, avec le PSG face à nous (surtout qu’au moment où j’ai pris les rênes du club, en 2012, les Qataris venaient d’arriver au PSGlui apportant des moyens illimités…). Pour autant, le défi méritait d’être relevé. Nous avons donc construit petit à petit l’édifice, avec une obsession : développer un centre de formation de qualité. Aujourd’hui avec un certain succès, puisque nous avons cinq équipes au niveau national (deux féminines et trois masculines).

Depuis 2017, la section féminine du Club s’est largement renforcée, avec des résultats indéniables. Quel regard portez-vous sur la réussite croissante du football féminin ?

En 2017, nous avons eu l’opportunité de fusionner avec le FC féminin Juvisy Essonne – un club historique, qui a été six fois champion de France à une époque où Lyon ne dominait pas. Le cheminement de l’équipe féminine a été remarquable, même si nous avons perdu, dimanche 10 mars, aux tirs au but face au PSG en demi-finale de la Coupe de France. Nous avons également fait un parcours impressionnant en Ligue des champions et nous avons par conséquent été sélectionnés par la FFF, avec cinq autres clubs, pour créer un centre de formation professionnelle pour les filles – comme nous l’avions fait pour les garçons en 2018. La Coupe du Monde féminine de 2019 a permis – malgré le Covid – un réel essor du football féminin ; une ligue professionnelle sera d’ailleurs créée le 1er juillet prochain. En L1 et en L2, c’est notre club qui consacre la part de son budget global la plus élevée à la section féminine. Cela s’explique par des qualités que l’on retrouve, dans le football, chez les femmes et sans doute moins chez les hommes : moins de roublardise, moins de roulades, tout en affichant une réelle maîtrise du jeu et une réflexion tactique. Il faut développer le football féminin en France : je crois qu’aujourd’hui, les femmes représentent 9% du total des licenciés – on est encore loin de l’égalité de ce côté-là.

Vous avez l’habitude de dire que le football est un « miroir grossissant » de la société française – à la fois embellissant et déformant. Pourquoi ?

C’est vrai : quand le football dérive, c’est la société qui dérive – et inversement. On retrouve aujourd’hui, dans l’un comme dans l’autre, des maux communs et malheureusement classiques : violence, racisme, homophobie, poids de l’argent – avec, en miroir, des salaires exorbitants pour certains et de réelles difficultés à en vivre, pour d’autres. C’est le côté sombre du football. Son côté positif, c’est toujours l’émulation, le dépassement, les valeurs du sport, le développement de la formation, la promotion sociale, le bénévolat. Depuis quelque temps, malheureusement, j’ai tendance à penser que les valeurs négatives l’emportent sur les positives – là encore un peu à l’image de la société. Quand le Brésil perd la Coupe du Monde en 2014, à domicile, battu 7 à 1 par l’Allemagne en demi-finale, on oublie bien souvent de rappeler que, quelques mois auparavant, le pays avait été secoué par des manifestations de rue impressionnantes, dont l’un des mots d’ordre était « Mieux vaut un enseignant que Neymar. » Le peuple, pour une fois, n’était pas derrière son équipe de football. Il y a toujours des connexions fortes entre ce sport, très populaire, et les problèmes dont souffre la société. Et pour en revenir au football féminin, il reflète aussi l’évolution de la société : l’expression des femmes a connu beaucoup d’avancées ces derniers temps ; pour autant, des tâtonnements, des freins, des blocages demeurent encore.

Pourquoi avoir choisi d’instaurer une billetterie gratuite pour tous les matchs du Paris FC de Ligue 1 féminine et de Ligue 2 masculine ? Quels en sont les enjeux… et les défis ?

Nous avons fait le pari, effectivement, d’ouvrir le football à tous – ce qui présente tout de même un risque économique non négligeable. Cela a permis d’augmenter de 30 à 40% l’audience de tous les matchs qui ont fait l’objet de cette gratuité : contre Saint-Etienne, nous avons battu le record de la Ligue 2, et rempli Charléty ! Nous comptons sur la mobilisation des sponsors pour compenser le manque à gagner, aussi bien en termes de billetterie qu’en surcoûts en matière de sécurité. En effet, on ne sait jamais exactement combien de personnes assisteront aux matchs du fait notamment d’un phénomène accru de “no show”. En attendant, nous voyons un nouveau public arriver : des jeunes, des chômeurs, qui ne peuvent pas forcément se payer un match de football en L2. Dans les faits, le football est devenu peu accessible pour des catégories modestes, des familles – aussi bien dans les stades que via les médias. L’autre avantage que nous tirons de cette décision, c’est bien entendu en termes d’image – ce qui est d’ailleurs susceptible d’intéresser, sur le modèle de la RSE, certains sponsors auxquels nous disons « Aidez-nous à rendre le football plus accessible ! »

Pourquoi avoir décidé d’ouvrir les portes du club aux jeunes de Social Demain ?

Pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’il m’apparaissait important de leur montrer comment on développe un club de football, en visant l’équilibre entre hommes et femmes… comment on tente, en somme, de donner une nouvelle dimension, de manière un peu originale, à ce modèle, en particulier en misant sur l’essor du centre de formation. Nous trouvions aussi utile de les faire discuter avec l’équipe. Tout d’abord, avec des joueuses du Paris FC – qui sont, certes, rémunérées pour jouer au football, mais travaillent pour certaines par ailleurs, du fait d’un modèle économique encore très favorable aux hommes. Avec des éducateurs, ensuite, qui développent les valeurs de respect auprès des jeunes, et se trouvent confrontés à des questionnements sociaux liés au genre, au racisme, à la laïcité… Ils ont également à gérer les attentes des parents – tout le monde rêve d’avoir Zidane dans sa famille ! -, d’autant que nous accordons autant d’importance aux résultats scolaires qu’à ceux sportifs. Et si notre ambassadeur, le footballeur Raí – ancien international brésilien passé par le PSG et très impliqué sur le plan sociétal – peut être présent, ce sera la cerise sur le gâteau !

Matière à penser #1
 En promotion…

Ces dernières décennies ont vu fleurir plusieurs promotions de young leaders liées à l’ambassade des Etats-Unis ou au German Marshall Fund, celles de l’IHEDN ou d’autres “instituts” moins prestigieux. On connaît même les classements Choiseul ou Forbes under 40… Dans tous les cas, il s’agit d’une mise en réseau améliorée de jeunes gens prometteurs, au service des intérêts du ou des commanditaire(s). Et depuis quelques temps, de nouvelles “promos” voient le jour, comme l’Institut de l’engagement – qui a remis le processus à l’honneur en 2012. Dans la foulée, nous avons créé Social Demain il y a cinq ans. Depuis, le Collège des citoyens de France est né, sur le même modèle, suivi par l’Académie des futurs leaders – dont la particularité est de ne pouvoir la rejoindre qu’à condition d’être “nominé” par un proche (selon le principe de l’élection sans candidat). Cette année sont apparues l’Ecole du pacte du pouvoir de vivre et l’Ecole de l’engagement – créée par le député Philippe Brun dans le but de renouveler la représentation politique… Toutes ces initiatives découlent d’à peu près le même constat, et poursuivent un tant soit peu le même but : elles prospèrent sur l’amenuisement des “écoles de cadres” dont disposaient jadis partis, syndicats ou associations, tout en cherchant à élargir le recrutement des futures élites, sur la base de projets et d’initiatives concrètes. Mais tout cela est-il suffisant ? L’expérience des Promos Social Demain nous apprend que le risque premier de telles initiatives est l’enfermement rapide en vase clos, entre personnes qui se cooptent, et surtout le renforcement d’un entre-soi entre ressortissants d’un même “monde social”, d’une même vision politique et idéologique ou d’un même “moule” scolaire. Comment résoudre cette tension entre constitution de groupes renouvelés chaque année et consolidation d’un entre-soi homogène ?

Matière à penser #2
 Unique en son genre

On apprenait, en 2023, que plus de 40 000 personnes avaient changé de nom en six mois – c’est-à-dire depuis le vote, en juillet 2022, d’une nouvelle loi conférant aux Français la liberté de changer de patronyme. Dans la plupart des cas sont invoqués la maltraitance, l’abandon ou une recherche d’identité – on note également quelques cas d’hommes préférant adopter celui de leur épouse comme nom marital. Dans tous les cas, le mouvement s’inscrit dans une dynamique plus large où la “bifurcation”, la “réinvention”, l’auto-définition de soi-même et de son propre moi deviennent les marqueurs essentiels d’un individu enfin réalisé : le signe que l’on est enfin soi-même ! Au-delà, c’est une question existentielle et sociale qui se pose à nous, sous une forme renouvelée : qu’est-ce qu’un “héros” à l’âge démocratique ? A quoi s’apparente un individu qui fait sens pour les autres ? Après l’ère des révolutionnaires politiques, celle des french doctors rétifs à tous les pouvoirs, celle du “gagnant” puis de l’entrepreneur pliant la réalité à sa seule volonté, vivons-nous l’avènement du “bifurcateur”, capable de faire de sa propre vie une expérience de développement personnel, et disposant des ressources intérieures (et sans doute sociales, et matérielles…) pour se redéfinir ? La réinvention de soi est-elle devenue la grande aventure de l’individu contemporain ?

Temps Commun, un savoir-faire

Comment vivre ensemble quand on ne pense pas la même chose ? Tel est le sujet d’une étude de la Nieman Foundation d’Harvard, qui a interrogé des couples aux opinions opposées. S’opposer sans se détester et débattre sans se battre, cela est-il encore possible à l’heure du “clash” sur X (ex-Twitter) ? Nous pensons que oui ! Mais la possibilité du débat, donc de la la confrontation apaisée, repose sur la reconnaissance d’un monde commun, et sur le refus de l’annihilation de l’adversaire : que reconnaît-on à celui ou celle avec lequel ou laquelle on débat, et dont on conteste les arguments ?… Tel est l’art de la “dispute”, dans lequel Temps Commun est passé maître pour plusieurs de ses clients.

A titre d’exemple, nous avons récemment organisé une rencontre de ce type : « Vous avez la flemme, ils ont la flamme – cela sert-il encore de se lever le matin ? »Un débat entre Jérémie Peltier, Directeur général de la Fondation Jean Jaurès et auteur de La fête est finie (2021) puis de Grosse fatigue et épidémie de flemme – quand une partie des Français a mis les pouces (2022), et Claire Thoury, Présidente du Mouvement associatif, membre du CESE, à ce titre Présidente du Comité des garants de la Convention citoyenne sur la fin de vie et auteure de S’engager, comment les jeunes se mobilisent face aux crises (2023). Jérémie et Claire se connaissaient, mais n’avaient pourtant jamais eu l’occasion, jusqu’alors, de débattre ensemble…

Linkedin, gros plan sur les rapports d’étonnement

Toutes les semaines depuis janvier, sur son compte LinkedIn, Social Demain republie un article lié à l’actualité, tiré de l’un des rapports d’étonnement rédigés chaque année par les membres de chaque Promo. Abonnez-vous à la page pour les retrouver chaque semaine ici !

Conseil de lecture

L’arrivée, de Constantine à Paris, de Benjamin Stora

Historien spécialiste de l’Algérie, Benjamin Stora lève le voile, dans cette autobiographie, sur son atterrissage en 1962 en France – ou plus exactement en Métropole -, une terra incognita pourtant si familière. A travers cette histoire singulière, qui rejoint celle de tant d’autres “rapatriés”, “réfugiés” ou “exilés”, il propose une véritable réflexion sur l’intégration, pour qui sait la décrypter et en tirer les leçons.

Le rideau se lève sur une scène décisive : dans son salon, Elie Stora – le père du petit Benjamin – reçoit deux membres du FLN, afin de les sonder quant à l’avenir réservé aux Juifs par les indépendantistes. A leur départ, il a tranché : plutôt que de rester, sa famille va devoir partir. Commence pour son fils un long parcours d’assimilation, teinté par l’école, l’amitié et l’engagement politique, dont le récit nous relate les moments-clés.

Qu’est-ce qu’être Français quand on l’est bel et bien administrativement, sans l’être vraiment culturellement ? La famille de Stora vivait en Algérie depuis plusieurs générations, et la France lui paraissait lointaine, fantasmée. Une fois en métropole, il faut alors gommer le passé pour s’intégrer, miser d’abord sur le mimétisme pour pouvoir, in fine et bien plus tard, affirmer tout l’éventail de ses identités.

Telle est la leçon majeure de L’arrivée, de Constantine à Paris (Taillandier, 2023), qui permet de comprendre comment l’identité culturelle, imposée par le hasard de la naissance, est séparée d’une identité politique “plébiscitée” tous les jours (comme l’aurait dit Ernest Renan) et finalement choisie en fonction d’un projet d’organisation collective. C’est à une telle communauté qu’il est proposé d’adhérer à chaque nouveau venu – par la naissance ou l’arrivée en France. Celui-ci devra ensuite parvenir à jongler entre identité et culture (l’une ne pouvant jamais se résumer à l’autre), sans jamais oublier, comme le déclarait Albert Camus, qu’au bout du compte, nous sommes tous des « additionnés ».

Brèves

Les promos dans l’actu’

  • Le 11 janvier dernier paraissait un traité intitulé Partis politiques, réalisé sous la direction de Florence Haegel et Simon Persico, et à la rédaction duquel a participé Laure Squarcioni [Promo#2], Docteur en science politique et consultante manager au sein du cabinet de conseil Equilibres, spécialisé dans les enjeux de la diversité et de l’inclusion en entreprise. Elle y aborde « la question de l’environnement institutionnel des partis, et comment celui-ci façonne leurs contraintes et leurs ressources, à travers les régimes politiques, les systèmes électoraux et le droit des partis. » Voir l’article
  • Moussa Kebe [promo#5], capitaine des Sapeurs-pompiers professionnels (SPP), chef du Centre d’incendie et de secours de Gonesse et originaire de cités d’Aulnay-sous-Bois et du Blanc-Mesnil (93), a fait l’objet le 26 février d’un portrait dans Ouest France : « Devenu pompier, Moussa Kebe a gardé sa cité chevillée au cœur ». Voir l’article
  • Avec Marie Donzel, Directrice associée d’Alternego [LIEN : ], Clémentine Buisson [promo#4], vient de rédiger un rapport sur les chiffres de l’égalité professionnelle femmes/hommes. Un rapport qui a suscité le 4 mars un article sur Cadremploi, intitulé « Egalité professionnelle : 10 chiffres qui font dire qu’on est encore loin du compte »…
  • Morgane Verviers [Promo#1], actuellement Secrétaire générale adjointe de l’UNSA Education, devrait être élue Secrétaire générale du syndicat, lors du congrès qui se tiendra à Nantes du 26 au 28 mars 2024. Seule candidate en lice, elle succèderait ainsi à Frédéric Marchand, à la tête de l’UNSA Education depuis 2018.

Promo#5 : des rencontres… pour tous les goûts !

Social Demain tient à ne jamais proposer deux fois la même chose dans les visios organisées une à deux fois par semaine pour les Promo. Ainsi, le programme des rencontres est actualisé chaque année, selon un agenda dynamique qui se nourrit aussi bien de l’actualité que des envies des uns et des autres. Et si un soin tout particulier est apporté à la diversité des intervenants, deux règles d’airain s’imposent : éviter autant que possible de convier deux fois la même personnalité ; et surtout, dans tous les cas, ne jamais aborder deux fois les mêmes thèmes !

Pour ne prendre que les trois premiers mois de cette année, les membres de la Promo#5 ont ainsi eu l’occasion, notamment, d’interroger la semaine de 4 jours avec la consultante Sarah Proust, les plateformes numériques avec l’avocat Rachid Brihi, les immigrés de deuxième génération avec le politiste Arnaud Lacheret, la banque sociale avec le Président du Crédit Coopératif  Jérôme Saddier, le pouvoir de vivre avec le Délégué général de la Fondation Abbé Pierre Christophe Robert, le positionnement d’une mutuelle face au RN avec la vice-Présidente déléguée de la MGEN Mylène Bonnel, la pratique des RH dans un milieu original comme l’Opéra de Paris avec son ex-DRH Olivier Petit, la cybersécurité avec le DRH Frédéric Pauthier… Autant dire qu’ils n’ont pas été menacés par la lassitude, et ne le seront pas plus dans les mois qui viennent !

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