Atelier de promo’, nouvelle formule !
A l’issue du deuxième atelier de promo’, le 9 février, certains membres de celle-ci avaient exprimé le souhait d’intégrer à ces temps de réunion en présentiel une dimension participative. Nous les avons pris au mot, et leur avons proposé de tenir les rênes du troisième atelier, en les répartissant aléatoirement en petits groupes, amenés à rivaliser d’arguments autour d’un sujet d’actualité : la mort, le 2 janvier, d’un chat baptisé Neko, écrasé par un TGV, en gare de Montparnasse, sous les yeux de sa jeune propriétaire.
Ainsi, le 16 mars, face à certains participants dédiés à l’animation – qui avaient mis sur pied de A à Z les règles de ce débat -, ont rhétoriquement croisé le fer “syndicalistes”, “animalistes”, “avocats de la famille” et “Direction de la SNCF“, au fil d’échanges marqués tant par l’esprit que par l’humour. Postures, pancartes, fausses moustaches, mais surtout arguments – de plus ou moins bonne foi – assénés avec verve ! Pour l’occasion, la promo’ était accueillie dans les locaux de l’agence Bona fidé par Samuel Jéquier et Robert Zarader, qui ont pris la parole en début de séance.
En fin d’atelier, une synthèse orale a été réalisée par une membre de la promo’, qui en résume bien l’esprit : il a en effet été question « d’émotion », de récriminations contre « le système », d’un « appel à la responsabilité », d’un cocktail, pour l’avenir, de « fatalisme », et d’espoir en le progrès… mais aussi d’une pléthore de calembours autour de la thématique animale ! « Ainsi, a-t-elle conclu sous les applaudissements, ce qui nous a réuni aujourd’hui, c’est aussi le rire, et les bons mots. »
Jocelyn Munoz : « Le comptage n’est pas le cœur du problème »
Directeur associé chez Deep Opinion, société de conseil stratégique et opérationnel dédiée à l’opinion, l’influence et l’e-réputation, filiale du groupe Ifop-Occurrence, Jocelyn Munoz était membre de la Promo#1 de Social Demain. A l’heure où mots d’ordre syndicaux et rassemblements spontanés se multiplient dans tout le pays, sur fond de sempiternelles empoignades sur la question du comptage des manifestants, nous avons souhaité lui poser quelques questions sur cette partie spécifique de son activité.
Le comptage des manifestants est particulièrement d’actualité. Comme vous êtes-vous retrouvé à travailler là-dessus ?
Il y a environ une quinzaine d’années, le cabinet Occurrence s’est doté d’un capteur de comptage, d’abord afin d’évaluer, pour le compte d’entreprises organisatrices, la fréquentation des salons professionnels. C’est de là qu’est née l’idée de l’utiliser pour compter les gens dans la rue, d’abord sans grand succès – faute d’avoir mis en place la méthode de redressement statistique (en fonction de la densité) que nous utilisons désormais. En 2017, à une époque où le fact-checking avait plus le vent en poupe, et où l’élection d’Emmanuel Macron nous promettait quelques “temps chauds” en matière sociale, nous avons relancé et perfectionné l’outil, jusqu’à récolter désormais des données fiables.
Pourquoi tous ces débats sur le comptage ?
Très sincèrement, le comptage en tant que tel n’est pas le cœur du problème : aujourd’hui, nous enregistrons tout depuis notre point de comptage, et mettons les fichiers en ligne, en libre accès. Parfois, je réponds à des trolls qui nous attaquent : « Un jour où il fait 42°C, même si vous cassez le thermomètre, il continuera à faire chaud ! » Mais dès que l’on touche à quelque chose de politique, il est normal qu’un paquet de gens rêvent de millions de personnes dans les rues. Ce qui me dérange le plus aujourd’hui, c’est le fait que certains médias ne reprennent plus notre chiffre sous prétexte qu’ils « voyaient bien qu’il y avait plus de monde. » Ils sentent bien, en réalité, que l’opinion est opposée à la réforme, et n’ont donc pas confiance en notre chiffre – pas pour des raisons techniques, mais parce que cela ne colle pas avec leur analyse. Or quand on est dans la foule, la différence entre 25 000 et 105 000, honnêtement, est très difficile à appréhender.
Nous donnons, depuis peu, des chiffres inférieurs à ceux de la Préfecture, ce qui n’aide pas… Sauf que nous comparer à un chiffre qui n’a rien de transparent est toujours compliqué : nous ne maîtrisons que notre chiffre, pas ceux des autres organisations. Nous avons cependant conscience qu’il est impossible de donner le chiffre exact. Evidemment qu’avec les tensions et les combats qui se multiplient, certains participants préfèrent rebrousser chemin… En réalité, tous les systèmes de comptage ont les mêmes contraintes, mais une opacité à peu près totale règne à ce sujet chez les autres. C’est notre principal problème.
Comment analysez-vous vos derniers résultats ?
Les pratiques ont changé : les gens ne se bougent plus, en tout cas sous cette forme. Par ailleurs, il est assez logique de dénombrer moins de monde à Paris quand il y a 250 points de manifestations dans le pays… D’ailleurs, si notre record pour ce mouvement s’établit à 112 000 manifestants à Paris, il faut rappeler que c’était un samedi – le 11 février -, sans grève des transports… Est-ce un problème ? Je ne crois pas. Interrogé sur la fréquentation de sa « fête à Macron », François Ruffin a donné la bonne réponse en disant qu’il s’en fichait. Le principal, c’est que l’ambiance soit bonne, que ce soit chaleureux et que le message passe. Donc autant éviter de se gargariser sur les chiffres si on n’est pas trois millions…
Membre de la première promo’ du dispositif, vous en êtes désormais partenaire. Pourquoi ?
Je connaissais Denis Maillard avant d’intégrer le dispositif, auquel j’ai trouvé très intéressant de participer dès le départ. Alors même que j’en étais membre, Assaël Adary – fondateur du cabinet Occurrence, avec lequel je travaillais déjà – et moi étions déjà très partants pour y participer plus activement. C’est donc tout naturellement que Deep Opinion s’est positionnée comme partenaire : au-delà du comptage des manifestants, qui constitue une part restreinte de notre métier, nous avons à cœur de suivre de près tensions politiques et enjeux sociaux : conflits syndicaux, gestion de crise… Des sujets qui m’intéressent à titre perso comme à titre pro.
Brèves
Côté partenaires
La Fédération nationale de la Mutualitéfrançaise (FNMF) et l’organisation non-gouvernementale A voté, spécialisée dans la défense des droits civiques et du progrès démocratique, comptent désormais au nombre des partenaires de Social Demain.
Les promos dans l’actu’
- Benjamin Sibille [promo#2] et Boris Jaros [promo#3], respectivement Directeur-Fondateur et Président du Collectif pour un Service civique européen, ont été sélectionnés pour participer au programme « Génération Europe – jeunes talents franco-allemands » organisé par l’OFAJ/DFJW (Office franco-allemand pour la jeunesse)
- Les promos dans l’actu’
- Début mars était publié le rapport Women and Innovation, qui propose un regard croisé France/Canada sur ce sujet, et auquel a activement participé Anne-Sophie Moroni [Promo#3], pour la French Tech Toronto.
- De son côté, Clémentine Buisson [Promo#4] a participé à l’écriture, pour AlterNego, d’un rapport sur « les chiffres de l’égalité professionnelle femmes/hommes », qui vise à « mieux appréhender les inégalités femmes/hommes dans le monde professionnel. »
Dernières rencontres
Social Demain, c’est aussi une multiplicité de thématiques abordées grâce à une variété d’invités. En février et mars 2023, les membres de la promo ont pu échanger autour des sujets suivants :
- « Droit et technologie : la société civile internationale peut-elle venir en aide à la révolte des femmes iraniennes ? » avec l’avocat et médiateur Hirbod Dehghani-Azar (03/02)
- « Du Congrès au concret : neuf mois après l’élection présidentielle et après bien des déboires chez LFI, LR et au PS, de quel paysage politique a accouché la séquence électorale d’avril/juin ? » grâce aux analyses de l’ancien député Christophe Borgel (07/02)
- L’auteure et conférencière Laetitia Vitaud est intervenue le 09/02, lors d’un Point lecture au Faubourg autour de son livre « Pour en finir avec la productivité, critique féministe d’une notion phare de l’économie »
- « Avoir été DRH à moins de 30 ans », c’est le thème qu’a traité le DRH de l’AFPAOlivier Cagnac (10/02)
- « Opinion, pétitions, manifestations… Compter et se compter pour mesurer son impact social » avec Assaël Adary, fondateur du cabinet d’études d’opinion Occurrence – groupe IFOP (14/02)
- « Lobbying, plaidoyer… un jour, vous y serez confronté » ; c’est ce qu’a expliqué le fondateur du cabinet Atlas Public Affairs Christophe Droguère
- Ancien Directeur de cabinet de la Ministre de la jeunesse, Antoine Evennou a tenté de tirer « Quelques enseignements de mon parcours » (21/02)
- « Mythes et réalités des nouvelles formes de conflictualité sociale » avec Soazig Sarazain, fondatrice de Voxnego et responsable du master Négociations & relations sociales de Paris-Dauphine (24/02)
- « Les transclasses, entre récit de soi et souffrance sociale », un sujet d’actualité qu’a traité la sociologue Monique Dagnaud (28/02)
- « Comment promouvoir la diversité et lutter contre les clichés dans l’audiovisuel ? » est la question que s’est posée Olivier Saby, le co-fondateur de l’Observatoire des images et d’Impact Film (03/03)
- « Culture, diplomatie, politique, société civile… L’influence au cœur de l’action » ; ce rendez-vous autour de l’influence était confié à Lionel Choukroun, Directeur-conseil chez Taddeo (07/03 )
- Nous avions donné à lire à tous les membres de la Promo le livre de François Bazin, « Le sorcier de l’Elysée, l’histoire secrète de Jacques Pilhan » : l’auteur est venu en discuter (10/03)
- « Tirer le bilan de la décennie sociale 2008/2018 et imaginer le devenir du dialogue social », telle a été la tâche de Jean-François Pillard, ancien Délégué général de l’UIMM, ancien Président de l’Unédic et co-rédacteur du rapport sur le bilan des ordonnances de 2017-2018 (14/03)
- Raconter « L’affaire du siècle » et réfléchir à la manière dont le droit vient au secours de l’action sociale, c’est ce que nous avons demandé à Marie Toussaint, députée européenne, juriste en droit international de l’environnement et cofondatrice de l’association Notre affaire à tous (21/03)
- « La philanthropie, nouvelle action sociale ou trompe-l’œil défiscalisé ? », avec Antoine Vaccaro, l’inventeur du marketing direct associatif en France, créateur du Cerphi, premier institut d’études et de recherche français dédié à l’étude de la philanthropie (28/03)