Promo#4 : être utile, diriger… mais vivre libre !

Nous avons dressé un premier “portrait” de la nouvelle promo, à partir d’entretiens menés depuis début janvier, et relevé trois trais saillants au sein de ce groupe : au sortir de la crise Covid, les jeunes de la Promo#4 n’ont pas été épargnés par la tentation d’un certain repli sur soi, mais leur soif d’engagement semble être restée intacte.

En premier lieu, l’envie d’être utile s’exprime très fortement, avec tout particulièrement le désir de recherche de solutions concrètes : quoi qu’ils fassent, comme le rappelle l’un d’entre eux, « il faut que cela ait un impact positif sur la société. »

Pour autant, tous souhaitent rester pleinement acteurs de leur destin, ce qui se caractérise à la fois par une envie de diriger et par une envie de liberté. Sur le premier point, ceux auxquels « la politique fait de l’œil » s’imaginent plutôt « conseillers de l’ombre qu’élus » ; pour les autres, quel que soit le secteur considéré, on ne « s’interdit pas le pouvoir », pour paraphraser l’un des jeunes interrogés

Sur le second point, cette envie de liberté renvoie parfois à une appétence accrue au repli sur soi (« J’ai envie d’une plus grande liberté, et de m’organiser comme je veux »), mais surtout à un souhait plutôt bien partagé : celui de travailler autrement… et plutôt à bonne distance de l’action collective !

Si ce “portrait de groupe” vous intéresse, n’hésitez pas à nous le demander.

Antoine Amiel : « Rapprocher la formation des besoins actuels »

Cette année, pour préparer la Promo#4, le fichier était composé de 961 noms, issus à la fois d’un travail de veille sur les réseaux sociaux, des contacts de membres des promos précédentes et de ceux des partenaires de Social Demain.

Comme tous les ans, la démarche est entièrement volontaire : chaque candidat ou candidate doit remplir un formulaire, et faire acte en déposant son dossier avant le 15 octobre à minuit. 146 dossiers ont ainsi été ouverts, dont 17 n’étaient pas éligibles et 37 n’ont pas été finalisés.

Ce sont donc 92 dossiers qui seront soumis à l’évaluation d’au moins 4 évaluatrices et évaluateurs. Ce jury, présidé par Pierre Ferracci et Claire Guichet, se réunira le 21 novembre 2022.

Président-fondateur de Learn Assembly, un cabinet de conseil en transformation de la formation créé en 2013, et de Learning Boost (logiciel d’auto-positionnement), Antoine Amiel était membre de la Promo#2 de Social Demain. Quelques jours avant la parution d’une note qu’il a réalisé pour la Fondation Jean Jaurès, nous l’avons interrogé sur son analyse du secteur de la formation en France.

Qu’étiez-vous venu chercher dans Social Demain ?

Professionnel du développement des compétences, je m’étais aperçu que ce domaine étant très siloté, ma culture du dialogue et des questions sociales était faible. Je m’y suis donc formé, ai enrichi mon expérience et élargi mon champ de vision comme de perspectives. Par ailleurs, cela m’a permis de dépasser la culture des buzz words et discours à la mode (de type #futureofwork) propres au monde du numérique et des start-ups, et de comprendre la réalité de ce qu’est le travail, vraiment. Alors que j’étais en fin de première partie de carrière, je n’avais pas besoin d’une formation à proprement parler, mais d’une prise de recul sur mes pratiques, d’échange entre pairs, d’une confrontation entre mes croyances et celles des autres. Et c’est bien ce que j’y ai trouvé.

Quel état des lieux faites-vous aujourd’hui de votre domaine, celui de la formation ?

Pour moi, l’état actuel de la formation en France est l’héritage de deux manières d’envisager le sujet : en caricaturant un peu, on trouve la vision “droit-de-l’hommiste” (la formation comme école de la deuxième chance, un droit fondamental à l’éducation permanente, un enjeu de citoyenneté) et la vision patronale (la formation avant tout comme l’adaptation à un poste de travail, une capacité à être opérationnel pour développer la productivité). La loi de 1971, qui a créé le système moderne de la formation, a donc coupé la poire en deux, avec un système dans lequel les entreprises sont impliquées et contribuent (avec un droit de regard notamment à travers les plans de formation), mais avec aussi la création d’un droit individuel financé. Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, on est toujours dans cet héritage, sauf qu’à force de ne pas faire de choix, de vouloir satisfaire tout le monde, on est confronté à une superposition de systèmes, d’échelons, de dispositifs, de financements non seulement incompréhensibles du grand public, mais aussi des gens qui en font partie… D’où une très forte inefficacité, particulièrement problématique à une époque où une multitude de transformations extrêmement radicales rendent nécessaire le développement des compétences. Nous avons la chance d’avoir ce droit, très important, pour lequel des sommes importantes sont investies ; mais il faut veiller à éviter le gaspillage.

Comment arranger les choses ?

La formation doit se rapprocher des besoins actuels (notamment en matière de fluidité), avec des dispositifs simplifiés et stabilisés, et être en mesure de répondre beaucoup plus rapidement (aujourd’hui, certains demandeurs d’emploi doivent attendre six mois pour entre en formation…), en augmentant ses lisibilité et accessibilité. Aujourd’hui, les Français ont une culture de la formation très faible – ce que nous allons illustrer dans notre baromètre. Qu’il s’agisse de prendre du recul sur ses compétences, de réfléchir à l’évolution de son métier, de connaître ses droits ou de trouver l’organisme de formation idoine (dans un marché très atomisé), un réel effort doit être fait pour rattraper le retard. Il est nécessaire également, plutôt que de former des gens à la chaîne – dans une logique adéquationniste, productiviste, industrielle -, de proposer des modèles pédagogiques correspondant à la situation de chacun : un salarié avec enfants ne va pas se former de la même manière qu’un demandeur d’emploi dont la formation est financée ; idem pour celui qui habite dans une petite ville plutôt qu’une métropole (d’où l’importance de la question des transports en commun), etc.

N’hésitez pas à répondre ici au questionnaire d’auto-positionnement sur votre compréhension de la formation professionnelle. Les réponses permettront d’alimenter le baromètre de Learn Assembly.

Brèves

Côté partenaires

La Fédération nationale de la Mutualitéfrançaise (FNMF) et l’organisation non-gouvernementale A voté, spécialisée dans la défense des droits civiques et du progrès démocratique, comptent désormais au nombre des partenaires de Social Demain.

Les promos dans l’actu’

Dernières rencontres

  • L’entrepreneure et ancienne DRH Bénédicte Tilloy et la VP Climate & Sustainability transformation de Cap Gemini Invent Juliette de Maupeou (10/01 – « Quel dialogue social pour la transition écologique ? »)
  • La psychologue clinicienne, créatrice de la cellule de soutien psychologique de la Préfecture de police de Paris Emmanuelle Lépine (13/01 – « Ce que révèle la crise – suicide, décompensation, accidents… quel est le travail d’une psy de l’urgence ? »)
  • Le fondateur de l’agence RUF et secrétaire de Communication et démocratieVincent David (17/01 – « La communication est-elle l’une des causes ou des solutions à la crise écologique et sociale ? »)
  • L’auteur, conférencier et journaliste, ancien rédacteur en chef du magazine ’Uzbek et Rica Thierry Keller (20/01 – « Tout va bien se passer : y a-t-il des débats interdits aujourd’hui ? »)
  • Le diplomate et fondateur de l’association Rentrez les doléances Didier Le Bret (27/01 – « Qu’avons-nous fait de la colère des Gilets Jaunes ? »)
  • Le Directeur général de l’Afev et Président du Collectif Mentorat Christophe Paris(31/01 – « Le mentorat, une innovation sociale ? »)

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