Mars : vers le printemps, au pas de charge !

Le 10 mars au soir, l’agence Sémaphores accueillait en présentiel l’ensemble des membres de la promo, pour le deuxième atelier de cette dernière. Une rencontre qui a permis à tous de se rencontrer de manière plus « massive » (mais aussi conviviale) qu’à l’occasion des micro-groupes du mois de février.

Pour le reste, un membre de la précédente promo est intervenu auprès de ceux qui lui ont succédé : l’avocat Yann-Maël LARHER, et ce dès le 1er du mois, qui sous la triple casquette de fondateur de Okay Doc, d’auteur de Le droit du travail à l’heure du numérique (Nuvis, 2021) et d’élu à la mairie de Boulogne-Billancourt, a tenté de répondre à la question Le dialogue social est-il obsolète ?

D’autres auteurs ont accepté de passer un temps privilégié avec ceux qui le souhaitaient : le jeudi 10, Jérémie PELTIER, Directeur des études de la Fondation Jean Jaurès, dans le cadre de Lecture au Faubourg et pour son livre La fête est finie ? (L’Observatoire, 2021) ; le mardi 22, le haut-fonctionnaire et essayiste David DJAIZ, autour de son livre Le nouveau modèle français (Allary, 2021) et de la question « Le CNR est mort ? Autour de quels enjeux peut-on redéfinir un modèle (social) pour la France ? »

En outre, pas moins de deux ministres sont venus réfléchir et débattre en compagnie de la promo : Jean-Marie LE GUEN le 15, Secrétaire d’Etat de 2014 à 2017, sur la dépénalisation du cannabis, et Hubert VEDRINE le 17, Ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2002, autour de la question Le monde sera-t-il vert avant d’être juste ? Les thématiques européennes et sociales étaient par ailleurs à l’honneur, le 3 avec Michel DERDEVET, Président du think tank Confrontations Europe (« L’Europe sociale, mythe ou réalité ? »), puis le mardi 15, à l’initiative de la Fondation Jean Jaurès, sur le thème « France, Allemagne, Suède… l’extrême-droite contre le syndicalisme. »

Enfin, tout au long du mois, les thématiques du sens au travail, du dialogue social et de l’entreprise ont été abordées par Florence DEPRET, Déléguée générale de la Fondation Travailler autrement (mardi 8 : « Professionnelle affirmée, compagne épanouie et mère heureuse »), Pierre FERRACCI, Président du Groupe Alpha (jeudi 24 : « Quelle articulation entre enjeux économiques, sociaux et environnementaux ? »), Lionel PRUDHOMME, Directeur d’IGS-RH (mardi 29 : « Sens, raison d’être et entreprise à mission ») et Jean-Luc BERARD, ancien DRH du Groupe Safran et DG de l’UNEDIC (jeudi 31 : « Exercer le pouvoir dans l’entreprise : mission impossible ? »).

Et maintenant, par quoi se prolongera ce fil ? Vous le découvrirez en avril !

Groupe SEB : « Il nous faut miser sur les jeunes »

Dan ABERGEL

Le Groupe Seb, référence mondiale du petit équipement domestique, participe et soutient aussi, depuis le démarrage, le dispositif Social Demain – au point notamment d’avoir envoyé deux de ses jeunes salariés intégrer la promo l’an dernier. Son DRH, Dan Abergel, répond ici à nos questions. 

Pourquoi vous êtes-vous intéressée dès le départ à Social Demain ?

Nous avons adhéré d’emblée au dispositif, estimant que le volet social, aujourd’hui, apparaît lointain voire “old school” aux jeunes générations. Leur approche de la question est teintée de circonspection, alors même que ces sujets demeurent plus importants que jamais. Il nous faut miser sur eux pour espérer construire des politiques sociales efficientes et pragmatiques, aboutir demain à des avancées positives avec les différentes parties prenantes. Chez les partenaires sociaux par exemple, beaucoup approchent de l’âge de la retraite (s’ils ne l’ont pas déjà atteint), et ont du mal à attirer ces jeunes générations. L’importance de la vie sociale, de la collectivité et de la solidarité n’est certes pas toujours perçue de la même manière selon les générations, mais la “chose sociale” au sens noble du terme doit continuer d’évoluer. Pour ce faire, c’est sur les jeunes qu’il faut s’appuyer, pas seulement pour perpétuer ce qui existe, mais pour innover, avoir une vision et une conception de ce qu’est la pratique sociale au sens large qui soit bien plus moderne. Demain, c’est avec eux que l’on travaillera.

Quelle est la valeur ajoutée du Groupe SEB dans ce dispositif ?

Le Groupe SEB, dans son ensemble et historiquement, a toujours eu un sens fort de sa responsabilité sociétale et sociale : politique sociale plus redistributive que chez d’autres, accords signés avec les partenaires sociaux très majoritairement supra-légaux, politique de développement durable et de RSE assez avancée et innovante… Autant de points portés au plus haut par notre top management, par la présidence, puis déclinés au niveau de nos équipes. Nous souhaitons continuer de maintenir ce cadre, et même le développer, en accord avec son temps et les évolutions sociétales.

D’après votre expérience, notamment dans le travail de sélection des membres de chaque promo, dans quel sens ces dernières évoluent-elles ?

On voit apparaître une diversité de provenances : fonction publique, grandes entreprises, groupes, associations, indépendants… Tous ont in fine une sensibilité sur le sujet, mais avec des approches différentes, et donc enrichissantes. C’est la combinaison de leurs réflexions et de leur travail en commun qui permettra de construire le social de demain, de proposer des idées nouvelles, de renouveler certains concepts existants. En interrogeant ceux qui, chez nous, ont participé à la promo, ils apparaît que leur approche y a été remise en cause positivement – par la confrontation à d’autres pratiques, vécus, fonctionnements. Social Demain constitue à la fois une forme de think tank et le lieu de formation et d’entraînement d’une nouvelle génération vers ces sujets – en tant qu’ambassadeurs et d’opérationnels, connectés à un réseau.

Quelle est, selon vous, LA question sociale du moment ?

Le vivre-ensemble, la solidarité et quelque part l’effort collectif. On a beaucoup prôné les valeurs individuelles pendant un certain nombre d’années – dont acte, ce n’est pas une critique -, mais il est clair que quand on vit dans une Société moderne et avancée telle que la nôtre, les vertus collectives et solidaires doivent être fortement mises en avant. C’est en étant un collectif disposant d’un vécu commun et d’une volonté partagée d’avancer sur certains sujets économiques et sociétaux fondamentaux que l’on fait progresser la Société au sens large, que l’on peut espérer mieux vivre ensemble, sans laisser personne au bord de la route, tout en s’affirmant au niveau de la compétition mondiale.

L’assiette est politique

Pour préparer le deuxième atelier de la promo, qui se tenait le soir du 10 mars dans les locaux de l’agence Sémaphores, à Paris, les organisateurs ont mené des entretiens individuels, en février, avec l’ensemble de ses membres. L’occasion notamment de vérifier à quel point, chez eux, l’idée selon laquelle ce qu’on mange et comment on le mange peut en dire long sur les problématiques et tendances qui traversent la société.

Végétariens contre carnivores… Mangeurs solitaires ou adeptes de grandes tablées… Contempteurs de l’ivresse contre épicuriens… Tolérance ou non au porc, au gluten, au lactose, pour des raisons physiologiques ou culturelles… La liste des conflits envisageables en matière d’alimentation semble interminable, que la chronique journalistique vient sans cesse enrichir. Et ce tout particulièrement en France, où contrats, accords voire relations amoureuses s’ébauchent ou se consolident souvent autour d’un verre ou d’un plat. D’où cette question simple : les modes de consommation (au sens biologique du terme) deviennent-ils désormais les vrais marqueurs des clivages sociaux ?

Un problème ? Quel problème ?

« Avez-vous été récemment les témoins, ou les protagonistes, de conflits autour de l’assiette ? » Ainsi interrogés, les membres de la promo semblent systématiquement devoir faire appel à tous leurs souvenirs pour trouver un exemple (comme si le terme de « conflit » leur semblait toujours trop fort)… avant de raconter en détails une anecdote précise, étayée, venant illustrer le propos. Il est alors, dans les termes, plus question d’incompréhension, de débats (parfois houleux), de tension que de conflits à proprement parler. Néanmoins, si les préoccupations peuvent varier du tout au tout, les terrains de divergence, en matière d’alimentation, sont nombreux.

Or, même quand la plupart des répondants revendiquent la nuance, privilégient la discussion à l’empoignade, se déclarent ouverts sans limite à la discussion, ils avancent souvent des positions plutôt tranchées sur le sujet – estimant, sans doute à tort, que leur avis personnel est largement partagé. Ce qui explique sans doute leur hésitation première au moment de répondre à la question, par crainte de ne livrer que des lieux communs… alors même que cette tension entre nuance affichée et opinions bien arrêtées promet encore un bel avenir aux débats !

L’éthique dans l’assiette

Très majoritairement attentifs à ce qu’ils ingèrent, au sourcing des aliments, aux enjeux du « bien manger », nombre des membres de la promo se déclarent végétariens, ou soucieux, pour le moins, de réduire drastiquement leur consommation de viande rouge. Et ce, pour des raisons moins individuelles qu’éthiques, dans un souci de faire plus attention à eux-mêmes autant qu’aux autres – et jusqu’à « animaux non humains ».

Si, pour eux, les tensions générées sur le sujet se règlent en général par la discussion, ils caractérisent trois matrices possibles d’incompréhensions à risque : des comportements générationnels souvent antagonistes, une nette scission culturelle entre Paris et la province (voire entre la France et l’étranger)… et le fait que, comme l’indique l’un d’entre eux, « l’assiette est d’abord sociale. » Un sujet de classe s’invite alors dans le débat, auquel seuls les mieux lotis ont le luxe de pouvoir réfléchir.

Par leurs propos, nos interrogés, qui se caractérisent plutôt comme flexitariens qu’ayatollahs, se tiennent à la croisée d’une préoccupation très contemporaine, liée au triptyque « bien-être » (ici, notamment animal), « bien-vivre » (c’est-à-dire, autant que possible, privilégier la qualité sur la quantité, préserver les terroirs contre le tout-industriel) et « bien-faire » (de manière plus générale, opter pour des pratiques œuvrant dans le sens du bien commun).

L’assiette… et au-delà !

Chaque tome d’Astérix se conclut par un banquet. Plusieurs anecdotes viennent ici le confirmer : pour le meilleur ou pour le pire, en France, conflits comme rabibochages familiaux interviennent généralement… à table. Lieu du commun, le repas rythme la chronique familiale comme il cristallise tout naturellement les dissensions. « Je n’ai rien à dire sur le contenu de l’assiette, s’amuse l’un, alors que le fait même d’être à table peut s’avérer houleux », quand une autre nous raconte sa famille déchirée depuis quinze ans… suite à une apocalyptique discussion politique au cours d’un dîner.

De manière plus contemporaine, enfin, et hors de la cellule familiale à proprement parler, deux “sujets” affleurent aussi : le verre d’alcool comme créateur de lien social (au point d’exercer parfois une forme de pression inconfortable pour ceux qui ne l’entendent pas ainsi), et la consommation de porc, parfois posée comme un problématique « facteur d’intégration », et gare à celui qui ne s’y plie pas…

Ils nous rejoignent !

De nouveaux partenaires, en lien avec chacune des trois premières promotions, viennent de rejoindre le programme Social Demain, :

  • La Direction du dialogue social d’EDF, dont l’un des juristes, Maxence Deguilhem, est d’ores et déjà membre de la troisième promo’ (2022),
  • Learn Assembly, entreprise d’un lauréat de la deuxième promo’ (2021), Antoine Amiel, spécialisé dans la formation (et la formation de formateurs),
  • et SoManyWays, entreprise d’une lauréate de la première promo’ (2020), Anaïs Georgelin, qui aide les entreprises à repenser leurs organisations, les salariés à effectuer leurs transitions professionnelles.