Janvier : contre le froid hivernal, des rencontres à foison !

Chez Social Demain, les choses démarrent fort dès le premier mois de l’année : pas de place à l’hibernation, au sortir de la trêve des confiseurs ! Et même si certaines rencontres initialement prévues en présentiel ont dû basculer en visio, crise sanitaire oblige, le programme restait copieux… et varié !

Dès le jeudi 6 janvier, en soirée, la Déléguée du gouvernement auprès de l’Organisation internationale du travail et Présidente de l’Alliance 8.7, Anousheh KARVAR, se demandait avec la promo « quelles stratégies [pouvaient être mises en place pour lutter] contre le travail des enfants et l’esclavage contemporain ». Une semaine plus tard, le jeudi 13, le Secrétaire général de l’UNSA Laurent ESCURE était en ligne pour aborder la question du « syndicalisme face à l’extrême-droite ». Et le 20, toujours un jeudi, c’est Thierry KELLER, l’ancien rédacteur en chef et cofondateur du magazine Usbek & Rica qui lançait aux membres la promo une question quasiment philosophique : « Le futur a-t-il de l’avenir ? »

Pour les lève-tôt, c’était le mardi qui était à l’honneur, via d’abord des rencontres avec d’anciens membres de la première promo :  le 11, autour du foot et des supporters, avec Sacha HOULIÉ, Député de la Vienne et co-rédacteur avec Marie-George BUFFET d’un rapport sur les interdictions de stade et le supportérisme ; puis le 18, sur l’expérience MakeSense, avec Antoine MÉNARD, Responsable administratif et financier de cette association dédiée à la mobilisation collective. Mardi 25, enfin, c’était la Haut-Commissaire aux compétences, Carine SEILER, qui prenait sur son temps pour échanger sur « une société de la compétence » avec la nouvelle promo.

Enfin, jeudi 27 janvier, le premier atelier Social Demain a permis à Denis et Philippe de présenter le « portrait de groupe » qui se dégageait des entretiens individuels menés auprès de chacun des participants de la 3ème promo.

Bien. Et pour février ? Promis, juré : le rythme sera au moins aussi soutenu !

News Tank RH : « L’émergence d’un dialogue social moins formel ? »

Marc GUIRAUD

Depuis la première promotion de Social Demain, lancée fin 2019, News Tank RH soutient activement ce dispositif. Sous le slogan « Décider en toute connaissance », cette société indépendante produit « des informations utiles en temps utile, donc factuelles, claires et neutres », à destination des équipes de direction d’organisations publiques et privées. Quatre questions à Marc Guiraud, son Président et co-fondateur, ancien grand reporter ayant auparavant fondé le Groupe AEF, et Fabien Claire, DGA et Directeur de la rédaction.

Pourquoi vous êtes-vous intéressé dès le départ à Social Demain ?

Marc Guiraud : News Tank RH baigne dans l’actualité sociale au quotidien. Non seulement nous annonçons les informations, mais nous les creusons aussi, les mettons en perspective, à travers nos éditorialistes et analyses, publiés dans la partie Think de notre site. Nous nous situons ainsi à l’intersection de toutes les parties prenantes, pour lesquelles nous sommes un tiers de confiance. Dans le social, ce rôle est particulièrement important à assurer. Nous sommes donc aux premières loges pour constater que les acteurs du social qui s’expriment ne sont pas les plus jeunes… D’où le grand intérêt de Social Demain : repérer et aider à émerger, dans leurs organisations et dans le débat, ceux qui feront le social demain. Demain, c’est très vite : c’est juste après aujourd’hui, ce n’est pas après-demain ou à la Saint-Glinglin. Tel est en tout cas notre souhait.

Fabien CLAIRE

Quelle est la valeur ajoutée de News Tank RH dans ce dispositif ?

Fabien Claire : En tant que média dédié aux équipes de direction du social, nous apportons une vision unique des sujets, à la fois technique et politique, mais aussi, et surtout, tournée vers “le coup d’après”, étant en veille et en anticipation permanentes. “Nous ne pensons pas (en tant que tel), nous donnons à penser” – telle est l’une de nos baselines, qui résume notre idée : aider chacun à se forger sa propre opinion, en lui fournissant le plus vite possible les éléments les plus précis et objectifs qui soient. Une approche qui nous paraît donc indispensable pour les membres de Social Demain.

Vous participez au jury depuis trois sessions de sélection. Dans quel sens les promotions évoluent-elles ?

FC : Elles sont riches de profils vraiment très variés, et cela nous paraît un formidable atout pour le dispositif Social Demain. Et ce même si, en tant que News Tank RH, nous aimerions y croiser davantage de représentants de DRH et de partenaires sociaux.

Quelle est, selon vous, LA question sociale du moment ?

MG : Si l’on parle du social au sens strict, la question de 2022 sera celle du travail post-Covid, marqué par les conséquences du télétravail : quelles formes, quel engagement, quel recrutement, quelle rétention des salariés et, finalement, le salariat est-il soluble dans le télétravail ?
Autre sujet, lié : comment le dialogue social a-t-il évolué pendant la pandémie, et sera-t-il modernisé à l’avenir ? Comment les changements en cours de la relation de travail vont-ils impacter les partenaires sociaux et permettre l’émergence d’un dialogue social moins formel et plus constructif ?

Devenir parents ?

Courant janvier, les entretiens individuels menés avec l’ensemble des membres de la troisième promo avaient permis d’esquisser un premier « portrait de groupe », présenté au soir du 27 à tous les participants. Parmi ces multiples enseignements, le chapitre consacré aux enfants (en ont-ils ? envisagent-ils d’en avoir ?) a permis de comparer leur rapport à leur propre descendance avec celle de l’ensemble de cette génération.

Sur cette question particulière, force est de le constater : les membres de cette promo sont « un peu à part », dans la mesure où ils expriment une plus grande réserve que leurs contemporains face à la perspective de devenir un jour parents.

Une moindre appétence

Concrètement, si huit d’entre eux ont déjà un ou plusieurs enfant(s), si deux autres attendent pour bientôt cet “heureux événement” – soit 20% de la promo à être concrètement engagés sur ce chemin -, et si 60% d’entre eux expriment encore clairement le souhait d’en avoir, le cas des plus rétifs suscite l’intérêt. Ils sont en effet cinq à déclarer « ne pas en faire une priorité » (soit, à ne pas considérer la parentalité comme une évidence), et encore cinq à y être « plutôt opposés » (soit, à teinter “politiquement” leur réponse).

Un chiffre de 10% à mettre en parallèle avec les statistiques nationales, estimant à 5% les moins de 25 ans susceptibles de souscrire au mouvement dit « Childfree »… et même à 2,5% la proportion des 30-34 ans à ne pas vouloir prendre le chemin des couches ! Ainsi, notre “échantillon” se montre, selon son âge, deux à quatre fois moins bien disposé que la moyenne à “passer le pas”.

Pourquoi ces réserves ?

Ici, ces trois justifications traditionnelles apparaissent bien entendu dans les réponses de nos cinq “hésitants” comme de nos cinq “opposants”, mais ventilées de manière originale. La dimension « Je ne veux pas d’enfant en raison de l’état de la planète », par exemple, apparaît moins présente qu’au sein des promotions précédents – une explication particulièrement logique venant justifier cet état de fait : « Je comprends le débat sur les enfants et l’avenir écologique. Mais on veut éduquer une nouvelle génération pour changer le monde (…) Si on restreint l’humanité, on ne la changera pas. » Ainsi, une tendance au “combat par la transmission” s’affirme.

Par ailleurs, certaines femmes interrogées démontrent par leurs propos que les préoccupations féministes se renforcent, notamment nourries par la possibilité désormais d’exprimer ce qui aurait pu paraître scandaleux dans la bouche de nos aînées : « C’est une question pour les femmes : certaines disent même, aujourd’hui, “Je regrette”. La libération de la parole entraîne des questions à ce sujet. » Et même pour celles qui admettent aujourd’hui l’idée d’avoir un enfant (mais, attention : « pas une grande famille » !), on sent bien que l’idée a pu mettre du temps à faire son chemin, en vertu d’une volonté de se construire d’abord comme « engagée, indépendante », et d’envisager la possibilité de ne pas avoir d’enfant « par goût de la liberté ».

Plus globalement, une inquiétude s’exprime avec une vigueur particulière, chez ces jeunes appelés à s’exposer socialement ou à acquérir rapidement des responsabilités : celle de « perdre en possibilité d’engagement en ayant un enfant », de voir ainsi réduite « l’intensité de [leur] vie ». Ainsi, l’une estime sa propre réalisation comme un préalable nécessaire à l’idée « d’envisager la transmission. » D’autres, en revanche, estiment que cette crainte, pour être dépassée, nécessite simplement de remplacer un « modèle familial » subi par une démarche assumée. Soit, selon les termes de celle-ci, de parvenir au triptyque « Professionnelle affirmée, compagne épanouie et mère heureuse. »

En somme, avant d’être considérées (ou envisagées) comme mères, les femmes de la promo souhaitent s’assurer qu’on les considère bien comme des individus à part entière, libres et autonomes. Non définies, donc, par une fonction sociale cantonnée à la reproduction ! En cela, elles sont bien représentatives de leur génération, sinon de l’évolution collective de nos mentalités.