Le 8 décembre dernier paraissait le Rapport d’étonnement de la deuxième promotion de Social Demain. En près de 90 pages, il donnait la parole, comme à leurs ″aînés″ l’année précédente, à tous ceux qui, au sein de ladite promotion de 50, souhaitaient ouvrir une piste de réflexion, revenir sur 6 mois d’ateliers et de rencontres, ou soumettre une opinion libre sur leur perception d’un monde social confronté à de nouveaux enjeux.
Préfacé par le Président du groupe Human & Work David Mahé, ce deuxième rapport ne répondait qu’à un seul mot d’ordre, constitutif de l’expérience tout entière : chacun y venait avec ce qui l’animait, et confrontait, sous la forme de son choix, son approche personnelle avec ce qu’il avait pu découvrir – ou redécouvrir – du social à l’occasion d’un semestre d’échanges au rythme soutenu.
Du plus sensible…
Ce sont ainsi vingt-sept textes, aux formes, styles et formats variés, qui ont éclos : d’un jet individuel ou suite à des tables-rondes improvisées, du premier coup ou nourris par d’éclairants échanges, portant sur la Promo en elle-même ou sur une thématique donnée, en fonction des préoccupations et préférences de chacun. Pour tenter de donner une structure à ce foisonnement, aussi fertile qu’hétéroclite, nous avons choisi de l’ordonner en quatre grandes parties.
Les textes les plus liés à une expérience personnelle et sensible ont ainsi été regroupés sous la rubrique « En Promotion » : réflexions sur les tensions entre questions sociale et environnementale au sein d’une promo de jeunes (A. Valls), entre maternité et convictions sociétales (F. Maillet), entre sensibilités françaises et togolaises (A. Affoya) ou entre perspectives de Français venus ″d’ici″ ou ″d’ailleurs″ (J. Lachkar).
Une part importante d’articles interrogeait également, sous des angles divers, des thématiques comme la quête de sens (au travail, dans sa vie personnelle), les concepts de confiance, méfiance et défiance ou les bénéfices et limites de l’engagement. Intitulée « L’engagement, entre sens et confiance », cette séquence concentre les paroles de jeunes issus des mondes associatif (L. Arnaud, D. Dreuil, C. Leclerc, E. Schmitt, A. Tronel), du dialogue social (M. Blondeau, M. Despax, M. Le Guen), des RH (P.-E. Lescop) ou encore des Compagnons du Tour de France (R. Guillen).
… au plus concret
Le titre de la troisième partie, « Vieilles questions, nouveaux enjeux », annonce bien son contenu – soit, revisiter des problématiques ancestrales à l’aune des réalités présentes –, mais moins nettement la grande diversité des sujets abordés :
- le syndicalisme à proprement parler, via une joute oratoire entre un expert juridique (C. Allex), une experte CSE (M. Despax) et un chargé de mission RH au sein d’une entité d’EDF (F. Dos Santos), une autre entre deux avocats (G. Dedieu, A. Orts) et une doctorante en droit social (C. Grenouilleau), puis le point de vue sur le sujet d’une secrétaire confédérale de la CFDT (M. Panhaleux) ;
- la ruralité, grâce au témoignage de M. Bergonso, Coordinateur général de la Chambre d’agriculture, de pêche et d’aquaculture de Mayotte, ou à celui d’A. Redeyllet, ancien Président de l’Intersyndicale nationale des internes en médecine ;
- l’apprentissage, par la voix du Président de l’Association nationale des apprentis de France A. Cadiou ;
- l’égalité femmes/hommes et l’épineuse question du congé menstruel, portée par une Doctorante à l’ESCP Business, S. Kriem.
En outre, elle propose également deux contributions très éclairantes, qui relient des sujets d’apparence beaucoup plus contemporaine à des enjeux intemporels : E. Bernasse, co-fondateur du Collectif des livreurs autonomes de Paris, met ainsi en perspective uberisation/plateformisation et liens de subordination salariale… tandis qu’un mini-think tank dédié à la ″Tech″, composé de C. Span, J. Guérin et Q. Panissod, questionne cette thématique massivement émergente à l’avenir de l’emploi, de l’environnement et des modes de consommation.
Enfin, le dernier chapitre est consacré à rappeler en quoi « L’entreprise » demeure une indéniable « Frontière du social ». Pour ce faire, le Président fondateur de Learn Assembly, A. Amiel, relève haut la main le pari de traduire en mini-fiction les affres professionnels des ″cols gris″, tandis que l’avocat Y.-M. Larher et la chercheuse L. Squarcioni militent pour accorder, de manière réfléchie, une place aux chercheurs universitaires dans les prises de décisions entrepreneuriales. De leur côté, deux responsables RH, J. Calmard et D. Monchaux, y font part de leur expérience d’agents opérationnels au sein d’entreprises confrontées à la crise sanitaire, sinon ébranlées par celle-ci.
Pour clore le tout, et finir sur une touche optimiste quant au fonctionnement du programme Social Demain, c’est sans bouder notre plaisir que nous avons donné la parole à la DRH du Groupe VYV, Cécile Lassus-Carrois, et à la jeune entrepreneuse Anaïs Georgelin. Cette dernière, membre de la première promotion, est depuis lors devenue une collaboratrice régulière de la première, suite à un premier contact intervenu… « à proximité du buffet » de la première rencontre organisée dans ce cadre, fin 2019.
C’est sans doute là que réside tout l’intérêt de ce deuxième Rapport d’étonnement, reflet partiel mais fidèle de la richesse des échanges orchestrés au cours de six mois d’intenses activités : dans la grande variété des formes, qui permet au fil des pages d’assister à une ″rixe″ argumentée puis à un témoignage vibrant, de se réjouir à la lecture d’une nouvelle, d’un billet, d’un témoignage de première main, sur des sujets d’apparence aussi hétéroclites que l’insertion des enfants d’immigrés, la mode responsable, le statut des livreurs à vélo, le repeuplement des campagnes, la reconversion professionnelle… Tous sujets, surtout, qui relèvent d’une préoccupation commune, par-delà les formes et les convictions individuelles : penser le social – tel qu’il fut envisagé, tel qu’il s’incarne aujourd’hui, tel qu’il se métamorphosera demain.